Qui est le coupable ?
Nous organisons un groupe d’apprentissage du français avec plusieurs mamans d’élèves de notre école des devoirs. L’apprentissage du français ne se fait pas forcément que dans une salle de classe. C’est pourquoi lors d’une séance d’alphabétisation nous nous sommes rendues à la Salle Sapiens pour faire des jeux d’échauffement, de rythme, etc… afin de nous préparer et vaincre notre timidité, avant de rejouer une scène de procès.
Auparavant, nous avions assisté à une audience du tribunal correctionnel de Bruxelles. En tant qu’observatrices, nous avions pu voir les présumés coupables essayer de se défendre, ainsi que les avocats plaider et la procureur du Roi faire son réquisitoire.
Les mamans étaient assez impressionnées et captivées par ce qu’il se passait.
« Ça fait mal au coeur de voir ces jeunes devant le juge, les avocats surtout le premier, étaient vraiment forts, ils élevaient la voix, ils défendaient bien leurs clients. La procureur du Roi et les avocats se lançaient des piques, c’était un peu comme à la télé.»
Une autre maman a dit : « J’étais stressée, on ressentait l’ambiance lourde, c’était comme si c’était moi qui allait être jugée. »
Après avoir assisté à cette audience, nous avons visionné le film Omar m’a tuer, qui est un film inspiré de l’histoire et du procès d’Omar Raddad.
Nous avons donc été baignées pendant plusieurs séances dans le monde judiciaire, dans le vocabulaire juridique et dans les différents rôles de chaque intervenant dans un procès.
Pour introduire le jeu théâtral, nous avons évoqué les faits suivants :
«Tentative de meurtre sur Mme S
A Saint-Josse, au parc Botanique, mercredi vers 09h30, Mme S traverse le parc et reçoit par derrière un gros coup sur la tête qui la fait tomber. Une fois à terre, elle reçoit encore des coups de pieds. Mme S saigne et perd connaissance.
A 13h45, Coralie et Kevser traversent le parc avec le groupe des Castors qui vont en activité et tombent sur la victime encore allongée par terre. Kevser appelle les secours et reste avec la victime pendant que Coralie retourne à Inser’action avec les jeunes afin de ne pas traumatiser les enfants.
Mme aura deux côtes fêlées, et le bris de verre de ses lunettes lui endommagera l’oeil droit. Elle verra moins bien de cet oeil et ce, à vie.»
Nous avons également évoqué des détails connus sur la vie de Mme S afin de comprendre pourquoi son mari et son amant étaient les deux présumés coupables.
Ensuite chacune a pioché un rôle au hasard dans une enveloppe : le juge, le procureur du roi, la victime et son avocat, les deux présumés coupables et leur avocat ou la copine qui témoigne.
On a laissé les avocats préparer leur défense avec leur client. Ensuite, nous avons joué et improvisé une scène de procès avec toutes ces phases :
1) Le juge questionne les présumés coupables.
2) Le juge demande à la victime si elle veut se constituer partie civile et demander des dédommagements. La victime prend également la parole pour expliquer les faits et accuser le coupable.
3) Le Procureur du Roi fait son réquisitoire et demande une peine qu’il estime à la hauteur des faits.
4) C’est au tour des avocats de défendre les prévenus et à ceux-ci d’ajouter des choses pour se défendre : contester, invoquer des circonstances atténuantes, etc.
5) Le juge prend sa décision et la justifie.
L’activité s’est très bien passée, les actrices en herbes nous ont épatées avec leur jeu et les arguments qu’elles ont amenés, elles étaient très investies.
Réaction des mamans :
« C’était chouette, on a bien rigolé »
« Est-ce qu’on pourra refaire des jeux comme ça ? »
« C’est chouette d’être dans une autre salle »
Vu que cela a très bien marché, je compte y retourner et encore laisser place à beaucoup d’imagination et d’improvisation, car dans ces-moments-là, elles s’expriment en français, formulent des phrases, se font comprendre et c’est un type d’exercice très efficace.
Coralie