Vécu de jours de pluie sans eau
Difficile parfois de mettre des mots sur un ressenti...de comprendre les forces qui nous habitent. Difficile de décrire la souffrance lorsqu’elle n’a pas de visage.
Difficile de raconter ce que nous avons vécu lorsque nous n’avons vécu qu’à moitié et dans quelques dizaines de mètres carrés seulement...des semaines durant.
Promiscuité, tensions, « normalité » transformée...temporalité floue où le « hier » ressemble à demain, comment ne pas être perdus quand tous nos repères s’amenuisent au point de disparaître ?
Complexité de rapports sociaux virtuels si nombreux...en restant pourtant si seul, face à soi-même et à ses proches qui, même bienveillants et aimants, se transforment parfois en source de frustration.
Ceux qui nous épaulent, parfois aussi peuvent flancher. Car l’erreur est humaine et l’humain est un être grégaire qui a besoin de l’autre pour exister. Hyper-connecté à celui-ci, les contacts qui devraient être source de désaltération nous laissent souvent un goût de sécheresse en bouche.
Téléphone, SMS, Emails, Facebook, Instagram, Whats’app, snapchat, Skype, Zoom, TikTok,… Semblants d’oasis dans un désert social...aurons-nous la bouche pleine de sable si l’on s’en abreuve jusqu’à plus soif?
A toi dans tes 14m², je te dis ; courage…
Courage avec tes frères et sœurs qui courent autour de toi en chantant alors que tu es pris dans tes devoirs. Courage à toi dont la maman malade ne peut subvenir aujourd’hui à tous tes besoins, courage à toi qui doit faire face au père, lui-même incertain de son lendemain, ne sachant s’il pourra encore subvenir à tous tes besoins. Courage à tous ceux qui attendent inlassablement un retour à « la normale » sans vraiment y croire.
A Inser’Action, nous avons essayé de rester dans le quotidien des jeunes, de les soutenir dans cette épreuve de diverses manières qui soient. Nous avons tenté de les faire parler, de leur faire dire ce qui se pense si bas, de s’exprimer alors que les portes sont closes.
Des choses reviennent bien-sûr, des anecdotes sortent du lot mais rien qui ne reflète en rien le mal-être de cette période trouble.
C’est parfois la larme à l’œil que nous écoutons, sans pouvoir toujours alléger la peine en apportant des nouvelles de réouverture.
C’est parfois le sourire aux lèvres que l’on nous étonne...par certaines situations et par les invraisemblances des vidéoconférences…
C’est l’étonnement né du courage dont certains jeunes font preuve, comme ceux qui bravent monts et marées pour récolter et distribuer colis alimentaires.
Légèreté pour certains, lourdeur affective pour d’autres...Les diverses situations sont aussi complexes qu’uniques, nous vivons tous quelque-chose de différent en étant pourtant soumis aux mêmes contraintes. C’est pourquoi parler de vous et en raconter le vécu, ne peut se faire qu’en écoutant chaque histoire, unique et solitaire à défaut d’être solidaire et de la retranscrire telle quelle, aussi difficile ou belle soit-elle dans le livre de nos vies.
Alors entonnons ensemble cette marche de délivrance qu’est le déconfinement et surtout, prenez soin de vous et de vos proches.
Richard