Le théâtre comme espace d’expression pour les jeunes de Saint-Josse

Huit jeunes participent depuis plusieurs mois à des ateliers théâtre menés par Yousra et moi-même. Le théâtre y est abordé comme un véritable outil d’émancipation : il ne s’agit pas seulement de jouer des rôles, mais aussi d’apprendre à écouter, à s’exprimer et à rencontrer les autres. Ces jeunes y gagnent en confiance, en aisance à l’oral et découvrent le plaisir de prendre la parole dans un cadre bienveillant. À travers des exercices de diction, de respiration, de rythme, mais aussi de travail corporel et scénique, ils explorent la voix, le geste, le regard et l’espace.
Les répétitions et débriefings favorisent l’expérimentation, le partage des émotions et l’écoute mutuelle. Audelà de la technique, l’objectif est de renforcer l’estime de soi, stimuler la créativité et ouvrir des espaces de dialogue sur des thèmes qui les touchent directement, notamment le racisme ordinaire. En le mettant en scène, ils transforment ces expériences douloureuses en messages collectifs forts et porteurs de sens.
Le racisme ordinaire se manifeste par des paroles ou attitudes souvent banalisées. Il peut prendre la forme de blagues, de clichés ou de petites remarques blessantes. Ces gestes apparemment «anodins» renforcent pourtant les stéréotypes et l’exclusion. Ils font sentir à la personne visée qu’elle n’est pas pleinement acceptée ou reconnue. Le racisme ordinaire blesse, fragilise la confiance et alimente des inégalités invisibles. Il ne s’agit pas seulement de mauvaise éducation, mais d’un vrai problème de société.
Chacun de nous doit apprendre à repérer ces comportements et à les questionner. Refuser de rire d’une “blague raciste”, c’est déjà poser un acte de respect. Promouvoir l’écoute, la diversité et l’égalité est une responsabilité collective. Dire non au racisme, même ordinaire, c’est construire une société plus juste et humaine. Mais vous, avez-vous déjà été témoin, cible ou acteur de ce racisme ordinaire ? Venez nous en parler lors de nos représentations.
Nous aurons bientôt l’occasion de partager ce travail avec le public. Deux représentations sont prévues : la première aura lieu le vendredi 24 octobre à la Maison des Cultures de Saint-Gilles, et la seconde se tiendra le samedi 6 décembre au Théâtre de la Vie, à Saint-Josse. Ces rendezvous marqueront l’aboutissement de plusieurs mois d’efforts, de rires, de doutes, mais aussi de belles réussites collectives.
Et plutôt que de conclure nous-mêmes, nous préférons laisser la parole aux jeunes, qui résument mieux que quiconque ce que leur apporte cette aventure.
Au théâtre, les jeunes découvrent à la fois le plaisir de jouer et le défi de dépasser leur stress. « Le théâtre apporte du plaisir, mais monter sur scène me donne de la peur et du stress que je dois combattre », confie Bruce, qui revient surtout pour « l’ambiance de groupe ».
Soufiane, lui, souligne les bénéfices dans la vie quotidienne : « J’articule mieux, je regarde les autres dans les yeux quand je parle. » Malgré le trac, il apprécie « la solidarité du petit groupe et les jeux qui montrent notre évolution ». Pour Lina, le théâtre est un moyen de se défouler et d’apprendre à gérer son sérieux : « L’impro me fascine et j’ai trop envie d’essayer. »
Quant à Paul, il avoue ressentir « la peur de se planter », mais dès qu’il est dans ses scènes, « c’est juste du plaisir ». Il garde un souvenir fort de sa première représentation en public et affirme : « Maintenant, j’ai envie d’être toujours sur scène. »
GHILARDI Hadrien
Éducateur




