Comme il s’agit d’une année inédite, il me semblait évident de donner la parole aux parents quant à cette nouvelle rentrée scolaire qui s’annonce particulière. J’ai donc contacté trois parents afin d’avoir leur avis sur cette rentrée scolaire : Un papa qui a des enfants en primaire et secondaire,...

Nous organisons des cours d’apprentissage du français destinés aux parents mais actuellement le groupe ne compte que des mamans.De temps en temps, nous organisons une table de discussion sur diverses thématiques.Comme dans le groupe, il n’y a que des mamans, le thème de la parentalité et des...

Mme F. est une maman qui a la quarantaine et qui est originaire d’Amérique Latine. Voici son témoignage : « Dans mon pays, j’ai toujours été élevé dans les limites, dans l’organisation et les règles. Je suis la dernière, nous sommes 10 enfants : j’ai 5 frères et 4 sœurs. Par exemple : on dormait à...

Joies et difficultés d’être parent

31 Janvier 2016

 

Dans le cadre de mon travail à la permanence psychosociale, je rencontre beaucoup de parents qui, à un moment donné, se retrouvent en situation difficile avec leur(s) enfant(s). Je voulais ce mois-ci vous présenter une interview d’une maman sur ce que représente pour elle le fait d’être mère et les joies et difficultés qui en découlent.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter vous et votre famille ?

Je suis une maman de 40 ans, j’ai 4 enfants : deux garçons et deux filles. J’ai moi-même deux grands frères et une petite sœur. Un de mes frères et ma sœur vivent en Espagne et mon autre frère en France, ma mère vit en Espagne avec ma sœur.

Est-ce que vous les voyez souvent ?

Parfois ils viennent un peu chez moi, puis repartent, moi ça fait 3 ans que je n’ai plus été les voir. Pour l’instant mon frère de France est à la maison avec moi.

Qu’est-ce que selon vous le plus beau quand on a des enfants ?

Avant d’avoir le premier enfant, j’ai eu 3 fausses couches ce qui m’a fait beaucoup souffrir. La première fois, j’ai perdu des jumeaux à 3 mois, puis j’ai encore fait 2 fausses couches.  J’ai risqué ma vie lors de la dernière, l’ambulance est venue me chercher car je faisais une hémorragie. Je suis restée une semaine à l’hôpital puis j’étais 6 mois en traitement. Après le docteur a dit que je pouvais réessayer. Je suis vite tombée enceinte du plus grand. A  l’annonce de la grossesse j’ai eu peur, j’étais fort angoissée, le docteur m’a prescrit des cachets, je dormais beaucoup. Après 3 mois, le gynécologue m’a dit que j’avais un bon bébé en forme, et quand j’ai enfin eu mon premier cela a changé toute ma vie (dit-elle avec beaucoup d’émotions et les yeux qui pétillent). La période avant a été très difficile pour moi car j’étais seule, ma famille était loin.  Lorsque j’ai eu mon fils, je le gardais toujours près de moi, j’avais créé ma famille. 6 mois après je suis retombée enceinte. Comme j’attendais le deuxième, j’ai dû arrêter d’allaiter l’ainé, et cela a été difficile pour lui d’accepter le biberon.

Est-ce que c’était difficile la petite différence d’âge ?

Non, il n’y avait pas de problème, le deuxième pleurait beaucoup, dès sa venue au monde il a pleuré directement, le grand était calme, il mangeait et dormait. Il n’était pas jaloux de son petit frère comme parfois on voit avec l’arrivée d’un nouveau bébé. C’était comme des jumeaux, je les habillais pareil, j’avais une poussette double.

Et qu’est-ce qui est le plus difficile à vivre ?

Quand j’en avais que deux, ce n’était pas difficile : on était avec mon mari, il aidait beaucoup, mais quand tu as un troisième enfant cela devient plus difficile. Moi je restais à la maison, je m’occupais de tout ce qui concerne l’intérieur et mon mari s’occupait des choses de l’extérieur, les déposer, acheter des choses, les activités. Les trois premiers mois de la grossesse de la troisième ont été difficiles, j’étais tout le temps malade. J’ai senti que cette fois-ci c’était une fille avant même que l’échographie le confirme. J’ai eu cela pour les deux filles, je l’ai ressenti. Mon mari s’occupait plus des garçons, moi j’étais avec la petite, il les emmenait toujours faire des activités quand ils étaient petits, ils allaient au parc, au zoo, …

Quand les deux grands sont rentrés à l’école, j’ai pu un peu souffler.  

Les 4 sont rapprochés, avant cela j’ai fait 3 fausses couches, ma santé s’est affaiblit, c’est ça qui est difficile, la fatigue, garder le moral. Surtout que les enfants de maintenant sont difficiles.

Qu’est-ce que vous entendez par les enfants de maintenant sont plus difficiles ?

Ils n’écoutent pas, ils ne connaissent plus le respect des parents, ils veulent tout, ils n’ont pas la valeur de l’argent, on n’a pas tous les mêmes moyens.

Avant, quand les parents disaient non on n’a pas les moyens, on acceptait. Je dis toujours à mes enfants : J’ai 40 ans et jusqu’à maintenant je n’ai jamais levé la voix quand je parle à ma mère, je parle toujours doucement, limite maintenant les enfants tapent leurs parents.  C’est quoi ça on met des enfants au monde pour cela ? Non c’est pour être toujours ensemble et aimer la vie et non pas pour des bagarres.

Qu’est ce qui fait qu’il y ait des différences entre avant et maintenant ?

Quand les enfants sont petits, il n’y a pas de problème, mais quand ils deviennent grands, ils changent.  Le monde a changé et les enfants regardent les autres et disent regardent ce qu’ils ont et moi je n’ai pas, ils se comparent et veulent la même chose.

Qu’est-ce que vous préférez faire avec eux ?

Avant, on faisait beaucoup d’activités en famille : on faisait des pique-niques, on allait au zoo, manger ensemble au restaurant, mais maintenant quand on propose, ils ne veulent plus. Les filles encore ça va, elles aiment faire des sorties ensemble mais les grands non, ils demandent plutôt de donner l’argent pour aller avec des amis, pour aller acheter les habits eux-mêmes. Maintenant, je fais des activités toute seule.

Justement j’y venais, qu’est-ce que vous faites pour prendre du temps pour vous ? En effet, il est important de prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin de ses enfants.

Je suis des cours de français, cela me fait du bien, je découvre plein de cultures, on parle avec les autres personnes du groupes, il y a de tout, des brésiliennes, des africaines, etc., je vois des choses différentes. J’ai appris beaucoup de choses depuis que j’ai commencé les cours, je suis vraiment contente d’aller à l’école.

Je vais à la piscine aussi, on fait des exercices dans l’eau, on passe un moment entre femmes pendant une heure, soit tu paies par séance soit tu peux prendre un abonnement de 3 mois, j’y vais avec ma belle-sœur, les enfants de moins de 13 ans sont interdits.

Je me suis inscrite à la salle de sport, aussi avec ma belle-sœur, c’est plus motivant d’aller ensemble, ça donne du courage et on s’entend bien.

Voyez-vous une différence dans la relation avec vos filles et avec vos garçons ?

Oui c’est différent, avec les filles, elles écoutent plus, elles ne font pas des choses graves, elles proposent leur aide. Elles me disent : laisse maman, va te reposer. Elles me mettent bien la couverture et me disent : repose-toi, on va le faire à ta place. Elles se préoccupent plus de mon bien être.  L’autre fois, elle voulait jouer et au lieu d’aller acheter, elles ont préparé de la pâte à sel, elles ont pris la recette sur Internet et ont suivi les instructions et après elles ont nettoyé elles-mêmes.

En grandissant ça change, le grand est plus distant, le deuxième me fait  beaucoup de câlins. Les garçons sont en compétition, il y a de la jalousie, s’il faut acheter pour un, il faut pour l’autre aussi. Les filles voient les garçons faire comme cela et entre elles cela devient la même chose. Y’en a un des deux qui veut mettre l’autre de côté, les disputes sont fatigantes.

Est-ce que vous en voudriez encore ?

Non (elle rigole) quand je vois les femmes enceintes je me dis oh non ! Non, mais une vie sans enfant, ce n’est pas une vie mais les parents doivent se soutenir, travailler ensemble pour que les enfants grandissent bien.

Merci en tout cas pour ce beau témoignage et pour le temps accordé.

Coralie

Assistante sociale

Thèmatique(s)
ParentalitéEducation