Des humains et des arbres
Je souhaiterais vous parler ce moisci d’un sujet que nous avons déjà abordé à plusieurs reprises.
Cet article paru dans le vif a attiré mon attention par sa phrase d’accroche « Les humains sont comme les arbres : ils ont besoin de vents contraires pour grandir » , tel est l’avis du psychiatre Belge DENYS Damiaan. Ce professeur se demande comment est-il possible que nos sociétés investissement de plus en plus dans la santé mentale mais que cette dernière, se dégrade de plus en plus. Il affirme que « Tout le monde veut être heureux partout et toujours, se sentir bien et avoir une vie bien ordonnée et sous contrôle. La peur, la solitude ou la tristesse n’en font plus partie. Mais bien sûr, ce n’est pas possible. La souffrance fait partie de la vie.
Nous devons l’accepter et ne pas courir immédiatement chez un thérapeute si les choses vont un peu moins bien. Je dirais même que la souffrance peut être une motivation énorme. Demandez aux artistes comment ils sont arrivés à quelque chose et beaucoup parleront de cette souffrance. Vincent van Gogh n’aurait jamais peint autant de chefsd’œuvre s’il n’avait pas autant souffert. »
Il est donc primordial pour ce professeur de passer par des moments difficiles afin
d’évoluer, de grandir et d’avancer dans la vie.
Afin d’illustrer cela, il donne l’exemple d’une étude menée aux Etats-Unis : « Une biosphère artificielle a été créée il y a quelques années pour étudier combien de temps on peut survivre isolé du monde extérieur. Les habitants devaient être autosuffisants, cultiver des arbres et des plantes. Pendant longtemps, tout s’est bien passé. Les arbres, par exemple, poussaient incroyablement bien. Mais après environ un an et demi, ils sont tous morts subitement. Par la suite, les scientifiques ont découvert que les arbres mouraient parce qu’il n’y avait pas de vent dans cette biosphère. La force d’un arbre vient apparemment du vent qui le pousse. Et l’humain aussi a besoin de vents contraires ? C’est l’essence de l’être humain.»
En effet, nous vivons aujourd’hui dans une nouvelle société qui a évolué et dont les rapports, jadis verticaux, sont devenus horizontaux (car nous voulons mettre tout le monde sur le même pied d’égalité) avec des exigences de plus en plus importantes dans le sens où nous ne supportons plus la frustration. Nous ne voulons plus dire non, nous voulons moins punir et surtout nous faisons tout notre possible pour que nos enfants ne soient pas confrontés à une quelconque souffrance mais selon ce psychiatre, « nous devons élever les enfants d’une manière complètement différente. Aujourd’hui, j’ai lu un article au sujet d’un Australien devenu millionnaire à 21 ans. Il explique son succès par le fait qu’il a dû vivre dans la rue comme sans-abri pendant des années et qu’il y a trouvé sa détermination.
Tout le monde connaît ce genre d’histoires, mais nous ne les prenons jamais au sérieux. Nous ne voyons pas leurs conséquences sociales parce qu’elles sont tellement contre-intuitives. 2»
Je finirai par cette réflexion que le professeur DENYS avance : Peut-être devons-nous souffrir davantage pour être heureux et Nietzsche et Heidegger avaient raison de le dire.r.
Mais cela va à l’encontre de notre société qui se veut « drama-free » où tout fonctionne parfaitement, un monde de bisounours.
Remettre cela en question revient à remettre tout en question et cela, comme le dit si bien le professeur DENYS : c’est bouleverser toute la société.
Ahmed Travailleur social