Témoignage : pas facile de s’accrocher !
Bonjour à tous, dans le cadre de la permanence psychosociale, je rencontre plusieurs étudiants qui font des études supérieures et qui ont du mal à tenir bon dans ce contexte particulier de la crise sanitaire actuelle. En effet, comme on peut le voir dans les résultats d’une enquête menée par des chercheurs psychologues auprès de 25.000 étudiants de l’enseignement supérieur, la crise a eu un gros impact sur ce public(1).
Voici quelques données issues de ce travail :
« Plus de la moitié des étudiant·es ont des symptômes d’anxiété et de dépression. Ils et elles se sentent isolé·es, souffrent de troubles du sommeil et de l’appétit. Ils perdent la motivation, le sens de ce qu’ils font, et l’espoir en l’avenir […]
Un·e jeune sur dix se dit confronté·e à des difficultés pour subvenir à ses besoins essentiels. En plus d’un sentiment d’isolement au plan de l’enseignement (affectant 73%), d’autres difficultés psychologiques liées aux cours en ligne sont rapportées : un sentiment de fatigue mentale et physique (pour 82%), un manque de motivation (chez 81%) et des difficultés pour gérer le stress (pour 54%). Tout ceci mène à un sentiment de décrochage chez une majorité d’étudiant·es. […]
Les priorités des jeunes sont les contacts sociaux et le retour sur les campus pour certaines activités liées à leur formation (par exemple, l’accès à des lieux d’étude). La réouverture des salles et clubs de sport est également importante dans un plan de déconfinement. Plusieurs éléments ont permis aux étudiant·es de faire face à la pandémie, notamment les contacts avec la famille et les contacts à distance via les réseaux sociaux. »(2)
Pour les élèves de première, le passage entre les études secondaires et supérieures est important et porteur de beaucoup de changements. Dans les circonstances de cette année, arriver dans un nouveau système scolaire, dans une nouvelle école avec des élèves et des professeurs avec qui on n’a pas eu l’occasion de faire connaissance à part de manière virtuelle, cela est compliqué.
J’ai eu un échange avec un étudiant de 23 ans, Z, qui est en 1ère bachelier en construction. Il confirme que c’est compliqué cette année mais ça va il s’accroche. Par contre, il connaît plusieurs étudiants qui ont arrêté, qui sont partis travailler ou qui s’orientent vers des cours du soir pour pouvoir travailler. La première motivation n’étant pas spécifiquement l’argent mais pour pouvoir s’occuper, avoir des liens sociaux.
Z me dit : « Avant, nous avions des journées structurées, tu te levais, t’allais au cours puis au sport, tu sortais avec des amis puis tu rentrais. Maintenant, tu te lèves, tu te poses derrière un ordi, parfois t’as rien à faire, alors tu vas faire des courses, tu fais un peu de ménage.
Le Coronavirus est venu chambouler beaucoup de projets, j’en connais aussi beaucoup qui se lancent dans de nouveaux projets en lien avec la manière de vivre et consommer maintenant : nouveau service de livraison, etc.
Il y en a aussi qui ont perdu leurs jobs étudiants, c’est dur. »
Coralie : Comment tu as fait toi, pour tenir le coup ?
Z : « C’est dans le mental, si je lâche, j’ai rien. C’est soit ça, soit aller travailler. Si je veux travailler en dehors de mon domaine, j’aurai des difficultés car même en secondaire j’étais déjà dans une option dirigée vers la construction. L’année passée j’ai eu un moment de doute, j’avais commencé un autre bachelier, mais cette année, je suis revenu aux sources, j’ai pris confiance et je suis moi-même étonné de mes résultats qui ne sont plutôt pas mal pour l’instant. Mes études, m’ouvrent plusieurs portes et dans des métiers demandés comme dessinateur en construction. A la fin des études, il y a comme des recruteurs qui viennent nous rencontrer. En plus, nous ne sommes pas beaucoup. Cette année au début on était 12 plus ou moins, maintenant on est moins, certains ont lâché.
Certains arrêtent car la routine ça tue, puis les cours à distance c’est autre chose, parfois t’as peur de poser des questions, parfois les profs ont l’air pressés et eux aussi en ont marre de donner cours à distance.
Là, je suis en stage, heureusement que cela a été maintenu, ça me permet de m’immiscer dans le monde professionnel, de voir du monde. J’ai un job étudiant aussi dans l’Horeca aussi mais là pour l’instant je ne travaille pas comme j’ai stage et puis je préfère garder des heures pour la période des grandes vacances.
Rester à la maison, c’est déprimant, tu vois toujours les mêmes têtes, parfois c’est compliqué de suivre les cours, j’ai déjà dû suivre des cours depuis ma cuisine. »
Coralie : Comment tu te projettes dans tout ça ?
Z : « Je pense qu’on ne va jamais revenir à notre vie d’avant mais bon je compte continuer mes études, me donner à fond, terminer au plus vite pour aller travailler. On espère aussi la réouverture des infrastructures de sport car ça manque. Je continue à en faire car c’est bon pour le mental aussi, je le conseille. Faut aller voir ses amis à l’extérieur aussi, garder le contact, passer des appels et si besoin, se tourner vers le monde associatif, les maisons de jeunes etc. qui sont là pour aider et soutenir les jeunes. »
Merci pour ce témoignage, force et courage pour la suite.
A bientôt,
Coralie
Assistante sociale
Source de l’image : https://www.maxpixel.net/Stressed-Laptop-Student-Avatar-Online-Education...
(1) Enquête : L’impact de la crise sur les étudiant·es ? Des données pour avancer, Glowacz F. – Klein O. - Luminet O. - Yzerbyt V. in https://www.news.uliege.be/cms/c_13575927/fr/l-impact-de-la-crise-sur-le...
(2) Id.