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Comme le titre l’indique, je consacre l’article de ce mois de janvier à un de nos jeunes que nous avons inscrit en formation afin d’obtenir un brevet d’animateur en centre de vacances. Il s’agit d’un jeune qui a suivi nos activités depuis tout petit. Il est passé des juniors, aux grands en passant...

Nous l’avions déjà évoqué dans quelques-uns de nos journaux précédents : l’autorité est en berne… Pour résumer, nous pouvons dire que la société actuelle est sous le coup de la crise libertaire de mai 68, prônant les libertés individuelles, moins de devoirs et plus de droits. Les parents actuels...

Comment parler de faits d’actualités dramatiques aux enfants ?

28 Février 2015

 

Tout d’abord faut-il leur en parler ? Oui, car ce serait un leurre de croire qu’ils n’en entendront pas parler ou qu’ils ne verront pas d’images circuler que ce soit à la télévision ou également pour les plus grands sur les réseaux sociaux. Tout le monde en parle, dans la cour de récré, dans les transports, etc. Il vaut mieux que l’enfant soit accompagné par un adulte, qu’il puisse en parler, poser ses questions. La psychanalyste Claude Halmos dit : « Si l’on ne dit pas les faits, ils peuvent se raconter n’importe quoi, et ce qu’ils peuvent se fabriquer avec leur imagination sera toujours 1000 fois pire que la réalité. Parler, c’est de la prévention »[1]

Mais comment expliquer l’indicible, l’innommable ?

Il n’y a pas de formules magiques, chacun fait comme il peut, ce qui est important, c’est de partir de ce que l’enfant sait, l’interroger sur ce qu’il a compris et sur ce qu’il imagine. Ensuite, à partir de sa connaissance des faits et de ce qu’il imagine, il faut lui expliquer les faits sans rentrer dans les détails tragiques, répondre aux questions : Où ? – Qui ? - Quoi ? - Comment ? - Quand et Pourquoi ?, il faut adapter ses mots en fonction de l’âge et de ce que comprend l’enfant. L’enfant saura de cette manière que s’il a des questions à poser, des inquiétudes ou des incompréhensions, il pourra venir questionner l’adulte.

Il ne faut pas avoir peur de laisser transparaitre son émotion, il n’est pas grave que l’enfant sache que l’adulte est triste ou en pleure car cela montre que ce qui se passe est grave et n’est pas compréhensible et digérable même pour les adultes.

Pour parler de l’attentat à Charlie Hebdo, on peut expliquer que dans ce journal, les dessinateurs font des dessins où ils se moquent de l’actualité, de politiciens, des religions et qu’il y avait des dessins qui représentaient une personne très importante pour les musulmans. Le psychanalyste Serge Tisseron continue en disant: « Deux hommes ont décidé de tuer ces dessinateurs. On ne tue pas quelqu'un parce qu'il fait des dessins. Depuis toujours des gens en veulent à ceux qui sont différents ou qui ne pensent pas comme eux. Beaucoup de gens, y compris des musulmans, sont scandalisés par ce qui s'est passé. »[2] En effet, il expliquer et préciser qu’ils ont tué au nom de Dieu mais que ce n’est pas cela la religion, Dieu ne demande pas de tuer, on ne tue pas quelqu’un car il pense différemment.

Mais néanmoins, il faut insister sur le fait que c’est rare que des choses comme cela se passent chez nous et c’est pourquoi, il y a autant de mobilisation citoyenne et ce, dans le monde entier.

Avec les plus petits, moins de 6 ou 7 ans, il faut être attentif car ils n’ont pas les mêmes capacités à décrypter ce qu’il se passe, en voyant les images en boucle, ils peuvent croire qu’il y a eu 5 ou 6 fusillades différentes.

Lorsqu’on recherchait encore les auteurs et que l’inquiétude était fortement présente, il est important de dire que la police est là, elle protège des lieux, elle les cherche et c’est sûr qu’on va les retrouver, ils vont être pris. Il faut que les enfants sachent que ces hommes même s’ils sont armés, ne sont pas de supers héros, ils n’ont pas de supers pouvoirs. C’est crucial car cela permet à l’enfant de faire la différence entre le réel et son imagination. C’est pourquoi il faut utiliser des termes adéquats : ce ne sont pas des méchants, la méchante, c’est la sorcière de l’histoire qui lance des mauvais sorts, ce ne sont pas des monstres, les monstres sont ceux qui se cachent dans le placard ou sous le lit, …

Le psychanaliste Serge Tisseron donne l’exemple : « Lors de l'affaire Merah, j'avais demandé à un garçon de 6 ans et demi s'il savait de quoi il s'agissait. Il m'a répondu : "Oui. C'est un fou qui a tué un juif". Lorsque je lui ai demandé s'il s'avait ce qu'est un fou, il m'a répondu "non". Et un juif ? "Non plus" »[3]

Il est nécessaire de donner un sens aux évènements, cela aide à assimiler et ne pas rester dans le dramatique. C’est bien de faire une minute de silence si on veut se recueillir mais si on l’impose à des enfants comme en France dans les écoles, il faut que cela fasse sens pour eux. Il y a un travail de pédagogie à réaliser auparavant par les enseignants, ils doivent savoir pourquoi ce rituel a lieu, pour quelle raison on se recueille. Pour les petits enfants qui n’ont encore jamais été confronté à la mort, à un deuil, cela peut être un moment opportun pour expliquer, donner un sens au rituel de recueillement.

J’espère que cet article vous aura apporté quelques pistes intéressantes.

Coralie

Assistante sociale

 

Sources :

La plupart de ces liens ont été trouvés sur : http://www.yapaka.be/page/nous-sommes-tous-charlie-quelques-pistes-pour-en-parler-avec-nos-enfants

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1303646-charlie-hebdo-il-ne-faut-pas-cacher-aux-enfants-la-gravite-du-drame-mais-l-expliquer.html

http://www.ouest-france.fr/charlie-hebdo-5-conseils-pour-parler-de-lattentat-avec-vos-enfants-3101811

http://www.vousnousils.fr/2015/01/12/charlie-hebdo-et-les-enfants-il-est-necessaire-de-leur-en-parler-560477

Fichier Audio sur : http://www.rts.ch/audio/la-1ere/programmes/on-en-parle/6407239-evenements-dramatiques-comment-en-parler-aux-enfants-09-01-2015.html