Conséquences lourdes pour un petit moment d’ivresse !

31 Mars 2024

Une, deux, trois, quatre, cinq, six, c’est le nombre minimum de bonbonnes abandonnées sur le trottoir que je compte sur mes 15 minutes de trajet pour rentrer à la maison. Auparavant, c'étaient les petites capsules métalliques que l'on trouvait fréquemment, mais désormais, ce sont surtout les grandes bonbonnes.

Et de quoi s'agit-il ? Du protoxyde d'azote, plus communément appelé gaz hilarant, que les gens consomment actuellement sous forme de « ballons ». À l'origine, il était largement utilisé dans le milieu festif nocturne des jeunes adultes, notamment dans les lieux comme les bars à chichas. Malheureusement, son usage s'est étendu dans les espaces publics, voire même au volant.

Mais qu'est-ce exactement le protoxyde d'azote ? Il est utilisé à des fins médicales comme anesthésique et antidouleur, ainsi que comme propulseur dans les industries automobiles et alimentaires (pour la crème chantilly, par exemple). Cependant, depuis un certain temps, il est détourné de son usage initial pour être inhalé à des fins récréatives, procurant un effet d'ivresse immédiat mais de courte durée. Cette tendance à la consommation, qui touche fortement les jeunes mais aussi les mineurs et les adultes, présente des risques et des conséquences graves.
La plupart des gens perçoivent cette consommation comme anodine, mais elle peut entraîner une dépendance et des dangers pour la santé. Les effets secondaires à court terme incluent des étourdissements, une désorientation, des maux de tête, des picotements, des engelures, voire même une perte de conscience et un manque d'oxygène. À long terme et à fortes doses, elle peut causer des dommages neurologiques (ex : paralysie), des symptômes psychiatriques (ex : psychoses), des troubles de coordination et des problèmes cardiaques, en plus de créer une carence en vitamine B12 pouvant entraîner des difficultés à marcher à cause d’une faiblesse musculaire et des troubles de l'équilibre.

Les témoignages sur les réseaux sociaux et dans les médias mettent en lumière des cas dramatiques, comme les cas de personnes devant subir une rééducation pour réapprendre à marcher.

Cette substance est très addictive, facile à trouver et peut causer de graves problèmes. En plus des effets nocifs sur la santé, elle peut entraîner des chutes dangereuses et des situations délicates en raison de la paranoïa et des hallucinations. Consommer cette substance avant de conduire ou en roulant, augmente considérablement le risque d'accident.

J'ai moi-même été témoin de certaines situations et j'ai discuté avec un jeune qui connaît bien ce problème. Nous avons pu voir des gens halluciner et parler à des personnes imaginaires ou même tomber en riant sans se souvenir de ce qu'ils ont fait quelques minutes plus tard ou encore des disputes entre amis qui dégénèrent rapidement, comme deux jeunes se battant en pleine rue, sur les rails du tram, tôt le matin ou un autre, qui avait aussi bu de l’alcool et qui a tapé la tête de son ami avec une bouteille en verre, nécessitant l'intervention des secours.

Une autre dérive préoccupante observée chez certaines jeunes filles et jeunes femmes est la proposition de faveurs sexuelles en échange de consommation offerte de « ballons ». Il y a également des risques d’endettement car certaines personnes peuvent dépenser jusqu’à 500 euros sur une soirée.

Que dit la loi ?

Le problème réside dans le fait que ce produit est détourné de son usage initial et est donc autorisé à la vente. Depuis février 2022, suite à une modification de la loi, la vente aux mineurs n'est plus autorisée.

Au niveau de Bruxelles, le Règlement général de police commun aux 19 communes interdit l'usage et la possession de protoxyde d'azote à des fins récréatives depuis 2020. En théorie, le contrevenant peut être sanctionné par une sanction administrative. De plus, l'abandon de déchets issus de l'utilisation de gaz hilarant dans l'espace public est une infraction punissable. En raison de sa dangerosité, le transport en grandes quantités est réglementé et nécessite des autorisations spécifiques. Le non-respect de ces exigences peut entraîner des amendes importantes.

Le gouvernement reconnaît la nécessité d'interdire cet usage détourné pour limiter les risques pour la santé publique et routière. La police et le parquet réclament depuis longtemps une législation claire pour lutter contre la détention, le transport et la vente de ce produit. En décembre 2023, le Conseil des ministres a approuvé un arrêté royal qui classe le gaz hilarant dans la catégorie des stupéfiants.

Concrètement, la vente, l'achat, l'offre, l'importation, le transport et la possession seront interdits, aussi bien physiquement que sur internet. En cas d'infraction, la police dressera un procès-verbal et pourra saisir le produit, tandis que le ministère public pourra engager des poursuites judiciaires.

Cet arrêté royal est maintenant soumis au Conseil d'État, et l'interdiction de l'usage détourné du gaz hilarant pourrait entrer en vigueur au printemps 2024.

Affaire à suivre…

Si tu te sens concerné par cette problématique, n’hésite pas à venir nous voir pour en discuter.

Coralie DUFLONT
Assistante sociale

Sources :
1 ) Frédérique Bawin & Jean-Lionel Lacour (Observatory) – Analystes – Avril 2023 , « Usage récréatif du protoxyde d’azote (gaz hilarant) dans l’espace public en Région Bruxelles Capitale », Une enquête exploratoire auprès des services de prévention, de sécurité et de propreté in FLASH PAPER n° 3 de l’Observatoire consulté le 13.03.24 sur https://safe.brussels/fr/publications
2) « Gaz hilarant : des effets secondaires qui ne font pas rire » , Publié le 04.09.2020, consulté le 13.03.24 sur https://www.etudiant.gouv.fr/fr/gaz-hilarant-des-effets-secondaires-qui-...
3) Cadre légal pour lutter contre le gaz hilarant et peines prévues pour la détention, la vente et le transport, 15 décembre 2023  consulté le 13.03.24 sur https://www.teamjustitie.be/fr/francais/

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