Les séparations conflictuelles et le stress chronique

30 Septembre 2012

 

LES SEPARATIONS CONFLICTUELLES ET LE STRESS CHRONIQUE

 

Les séparations sont, dans la plupart de cas, malheureusement conflictuelles. Cette conflictualité a beaucoup de chances de produire du stress. Voyons ce que le neuropsychiatre Jean-Emile Vanderheyden, dans une interview consacrée au magazine Filiato1, pense à ce sujet.

Avant toute chose, qui est Jean-Emile Vanderheyden ? Il est neuropsychiatre et rédacteur en chef de la revue Neurone. Depuis plusieurs années, il s’intéresse de près au stress dont souffrent les parents et les enfants confrontés à une séparation conjugale conflictuelle. En ce qui concerne les parents, il analyse notamment les difficultés des parents dits « secondarisés » qui risquent de perdre le lien avec leurs enfants. Par rapport aux enfants et adolescents, il fait le constat que les divorces conflictuels peuvent être à l’origine de fragilités psychologiques, d’absentéisme scolaire, de dépression, de toxicomanie, de troubles du comportement avec agressivité…

 

Dans son interview il nous parle de la différence entre le stress aigu et le stress chronique. Le premier, l’aigu, est transitoire et en soi n’est pas nocif. Il peut être produit par une période d’examens par exemple, le décès d’un proche… Le chronique, par contre, s’étend sur une période plus longue et entraîne chez l’individu des altérations générales, neuronales et comportementales qui deviennent dangereuses car elles dépassent les capacités d’adaptation humaines usuelles.

L’enfant souffrant de stress chronique risque de développer des années après une diminution de la capacité à prendre des décisions et des problèmes de stabilité, surtout sur le plan affectif et sentimental.

Il nous met en garde sur le fait que la perte de contact avec un des parents pourrait instaurer un stress chronique. Il faut être donc très prudent dans l’emploi de cette situation et bien peser le pour et le contre. Il pense cependant que la mesure peut être positive mais uniquement si elle est temporaire étant donné qu’un enfant a besoin de ses deux parents pour s’épanouir pleinement. Il évoque l’idée de tout mettre en place pour éviter la judiciarisation et faire que les parents qui poussent le conflit changent d’attitude et retrouvent un comportement correct, ce qui est une urgence pour le bien des enfants et parents.

Nous devons, d’une manière générale, nous baser sur le principe que l’enfant passe autant de temps chez ses deux parents mais il faut aussi faire attention à ne pas le systématiser de manière idéologique.

Par rapport à la justice, Vanderheyden ne critique pas le fait qu’un juge octroie l’hébergement principal de l’enfant à un des parents, ce qu’il dénonce c’est le manque de justifications apportées à ces décisions. De plus, trop souvent, les décisions dites provisoires deviennent définitives par manque de suivi et cela peut faire beaucoup de tort.

Concernant l’hébergement inégalitaire le neuropsychiatre estime que le risque principal est la secondarisation extrême d’un des parents, ce qui l’amène très fréquemment à développer un stress chronique. Ce parent doit se reconstruire entièrement : logement, voiture, voir les enfants maximum 2 jours sur 14… Il affirme que dans le cadre d’une séparation, il y a toujours un parent privilégié et un parent sécondarisé. Ce qui serait le mieux c’est que la différence entre les deux soi la plus minime possible.

En effet, si l’un des parents souffre, l’enfant fait de même. Et si l’enfant souffre, l’autre parent souffrira aussi. Tout le monde y perd quand le stress chronique s’installe. Il est conscient d’à quel point est difficile de séparer parentalité et conjugalité mais il dit « il faut aider les ex-conjoints à y arriver ».

Il conclu en rappelant que l’éloignement d’un enfant ne doit être envisagé que dans des cas très graves. De plus, dans l’immense majorité des litiges amenés devant les tribunaux, il s’agit au contraire d’éviter la perte de lien avec l’un des parents. Concernant l’hébergement, Vanderheyden juge que l’hébergement égalitaire ou l’hébergement classique élargi (les 5 jours / 9 jours) contribue à une bonne santé mentale des enfants et des parents tandis qu’en dessous d’un 5/9, sauf accord des parents, le risque d’une dégradation de la santé psychologique de tous les membres de la famille est fort important.

 

Cristina

 

 

 

 

1 Filiato, Mensuel n°6 avril-mai 2012. La nocivité du stress chronique dans les séparations conflictuelles.

 

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