Interview d’un parent sur le thème de l’autorité parentale

30 Septembre 2014

 

Bonjour madame X, je souhaite vous remercier encore une fois pour le temps et le témoignage que vous acceptez de nous faire. Ce témoignage, j’en suis sûr pourra en éclairer plus d’un sur les difficultés d’exercer l’autorité parentale.

Je sais que vous êtes d’origine étrangère, quand êtes-vous arrivée en Belgique ?

Je suis arrivée en Belgique en 1995, j’ai d’abord été hébergée dans un centre d’accueil pendant 4 mois.  Ils m’ont aidé à trouver un appartement à 1000 Bruxelles. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir m’installer à Bruxelles. Par la suite, j’ai réussi à faire venir mes enfants en Belgique. Grâce à cela j’ai pu rencontrer mes petits-enfants et j’ai aussi eu la chance d’en voir d’autres naitre en Belgique.  L’histoire qui suit est un peu compliquée. C’est pourquoi je vous passerai certains détails. J’en suis venue à adopter l’une de mes petites filles parce que sa maman, ma fille, est décédée.  Ma petite fille avait 2 ans et demi lorsqu’elle est arrivée en Belgique et c’est moi qui l’ai hébergée. Je n’ai réussi à l’adopter officiellement  qu’à l’âge de 5 ans. Une autre de mes petites-filles a aussi grandi chez moi.

Si je vous ai bien compris vous avez éduqué et hébergé deux de vos petites-filles, pouvez-vous nous parler de cette expérience?

Mes deux petites-filles sont venues habiter chez moi à la même période. Elles étaient donc toutes petites quand j’ai commencé à m’occuper d’elles. Je crois qu’elles ont toutes les deux vécu une belle enfance. Mais à partir de leurs 12 ans, après plusieurs années de vie sous le même toit, les problèmes ont commencé.  En effet, ces deux jeunes filles du même âge ont commencé à être rebelles, défiantes, allant même jusqu’à imiter ma signature sur leur bulletin.  Elles ont également imité la signature de leur titulaire.

C’est une période qui n’a pas été facile pour moi : j’ai du apprendre à leur parler afin qu’elles acceptent de me respecter[1] en tant que parent ayant l’autorité[2] sur elles, qu’elles apprennent à suivre les règles que je souhaitais voir appliquées sous mon toit et à se comporter correctement à l’extérieur.

J’ai donc entamé un travail afin d’améliorer mes relations avec mes petites filles.  J’y ai été aidée, ainsi que l’un de mes fils, par Inser’Action.  C’est le directeur d’Inser’action qui m’a particulièrement aidée avec d’autres travailleurs de l’association : ils étaient très impliqués dans ce travail.

Avez-vous rencontré d’autres difficultés dont vous voudriez nous faire part concernant vos petites-filles ?

Oui, en effet, car malgré le travail en collaboration avec Inser’Action sur mon autorité parentale, un jour, ces deux jeunes filles ont porté plainte auprès de la police pour violence familiale. La police a communiqué le PV au tribunal de la jeunesse : mon fils (le père de l’une des deux filles) et moi avons été convoqués au service d’aide à la jeunesse pour éclaircir ce qui se passait. Mes deux petites filles ont raconté au SAJ que mon fils et moi les maltraitions ! Ce n’était que des mensonges mais ce fut très difficile à prouver.  J’ai donc demandé au SAJ d’enquêter sur la véracité des propos de mes deux jeunes enfants.  Ils ont donc commencé à se renseigner auprès de leur école. Il s’est avéré que nous ne maltraitions pas ces enfants mais qu’elles étaient plutôt dans une phase de révolte et de défiance de l’autorité parentale et scolaire. Pour améliorer les relations familiales et le climat à la maison, le SAJ a proposé de les mettre en internat la semaine et ce, séparément.   

Dans le quartier la rumeur était lancée que je ne m’occupais pas bien de mes petites-filles puisque je les avais mises en internat et cela a eu des conséquences douloureuses pour moi…  Encore aujourd’hui j’en garde un souvenir  très amer.  Mais maintenant c’est du passé, grâce entre autre, à une personne qui me considère comme sa maman et qui a pris ma défense. 

Par la suite, nous avons encore traversé beaucoup de difficultés avec ces deux jeunes : cela a décidé mon fils à ramener sa fille au pays afin de les séparer pour qu’elles puissent grandir chacune de leur coté.  Depuis, nous n’avons plus eu de problèmes d’autorité avec elles.  Chacune a sa famille et n’influence plus négativement l’autre. Désormais, il y a du respect dans chacun des foyers où elles grandissent.  Cette année, elles ont toutes les deux obtenu de magnifiques résultats scolaires. Les deux sont premières de leur classe.

C’est une sacrée histoire que vous me racontez là.  Je pense qu’on peut s’arrêter ici pour aujourd’hui. Je suis certain que vous avez encore plein d’autres faits à me raconter.  Souhaitez-vous dire quelque chose en plus pour conclure cette interview ?

Oui, en effet, j’aimerais vous remercier pour avoir recueilli mon témoignage et je voudrais aussi remercier particulièrement le Seigneur pour ses bienfaits.  Sans lui, je ne sais pas comment j’aurais fait. Je souhaite aussi remercier ma famille, mes proches et tous ceux qui m’ont soutenu dans les moments difficiles.




[1] Respect : Sentiment de considération envers quelqu'un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers (dict. Larousse)

 L’enfant et ses père et mère se doivent, à tout âge, mutuellement le respect. (Art. 371 du code civil)

[2] Autorité : Pouvoir de décider ou de commander, d’imposer ses volontés à autrui (dict. Larousse)

L'autorité parentale découle de la filiation et constitue l’ensemble des droits et obligations des parents à l’égard de la personne et des biens de leur enfant mineur (Art. 372 du code civil).

 

 

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